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VI. Conclusion

  • Writer: Kelly O
    Kelly O
  • Dec 11, 2021
  • 3 min read

Claude Cahun, autoportrait (ou peut-être par Marcel Moore), 1929.

Au début de l’anthologie, j’ai demandé si la mort d’une muse muette, le pauvre lys d’argent du poète » (Cendrars), est nécessaire pour qu’une femme poète renaît de ces cendres. Après lire les poèmes par des hommes sur les femmes incorporelles, avec les voix muets ou indistincts, et les poèmes par des hommes sur les femmes corporelles, avec les corps dominés et contrôlés, je me demande (sans la profanité de Desnos !) « Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant /sur cette bouche la naissance / de la voix qui m’est chère ? » OUI ! Les vues des femmes sur les corps d’hommes (Cahun) et leurs propres corps (Hébert) me rafraîchissent. Je crois que ces vues enrichissent aussi les perspectives des poètes hommes et d’autres identités. Les poètes masculins dans cette anthologie semblent parler dans une chambre d’écho (sans l’écho féminin qu’Hébert réfère !). Je ne veux juger pas ces poètes pour une perspective limitée et parfois sexiste, c’est le résultat d’un monde sexiste et pas les décisions conscientes. Un thème qui apparaît dans leurs travails, cependant, c’est une grande solitude marquée par un deuil profond et une difficulté à accéder ou comprendre l’autre. C’est la même pour les femmes poètes dans cette anthologie, bien sûr c’est toujours difficile, mais elles montrent plus d’intérêt dans la vraie connaissance de l’autre, et peut-être plus de succès.

Donc, si la naissance d’un nouveau lys d’argent est nécessaire pour la santé des poétiques féminines et masculines, c’est quoi cette fleur ? Est-ce que le poète moderne corporel ou incorporel ? Existe-il sur un écran d’ordinateur, sur une télévision, ou dans un casque de réalité augmentée - finalement immortel d’esprit et de corps ? Le train que Cendrars et la Petite Jehanne monte est-il enfin arrivé ? Et où sommes-nous ?

Je suis d’accord avec Cendrars et Hébert – on vie dans une mélange d’états étranges et confondues. On a des identités fantomatiques en ligne et peut-être en présentiel aussi, comme la théâtralité de Cahun indique. Ces combinaisons du passé et du présent, du corps et d’esprit, de clarté et de mystère, sont la nature de la condition humaine. On a créé ces technologies avec des fils et du plastique dans les limites de notre propre réalité corps-esprit. La technologie est-elle une autre forme d’expression artistique ? Ma « LightPhone » était créé par un diplômé de « School of Visual Arts » à New York. Son invention veut que nous donnions la priorité au monde physique et pas nos écrans. Mais la littérature et la poésie écrite sont plus liées au monde incorporel, à l’esprit. C’est pourquoi l’albatros de Baudelaire « hante la tempête et se rit de l’archer » et pourquoi les poètes comme Mallarmé ont rêvé des projections « d’élever enfin une page à la puissance du ciel étoilé » (Walla-Romana 138). Il y a un mouvement plus corporel de la poésie parlée. C’est bien exprimé par Édouard Glissant dans sa « Poétique naturelle, poétique forcée » et par Damas dans la Cabane Cubaine (Black-Label). L’oralité et le mouvement du corps est essentiel aux rythmes poétiques. Donc si on oublie le corps, on perdra ce qui créé l’unique sensation de la poésie. Mais si on oublie l’imagination, la mémoire, nos fantômes, que nous reste-t-il à exprimer ?

En somme, je veux « apprends ces vieilles noces étranges » (Hébert 4) de corps et d’esprit pour trouver une balance dans ma vie réelle et poétique (s’il y a une différence, même). J’aime l’idée d’accepter ces contradictions, comme Hébert suggère, et de voir mes similarités avec l’autre si différent et parfois dégoutant, comme Cahun et sa Judith. Dans cette combinaison précaire des forces opposées se trouve l’énergie et la passion créative, comme la lutte physique de Luca montre. La modernité pour moi c’est un rassemblement de toute nos réalités pour les utiliser comme bois de chauffage. Mais parfois on ne veut pas être utile, ou on peut trouver des autres usages pour nos temps « parmi des cheminements de fougères souterraines, confondues à l’odeur du bois mouillé … / Parmi les âges brouillés, naissances et morts, toutes mémoires, couleurs rompues, reçois le coucher obscur de la terre » (Hébert 10-11). C’est là, dans le renversement du monde connu, que la double expérience de la femme comme l’objet et le sujet (Beauvoir, Le deuxième sexe) peut devenir plus que « utile » pour la poésie, peut même commencer une révolution copernicienne - ou ciné-corpoétique !

The Flower Girls NFT, Varvara Alay, 2021


 
 
 

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